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3 juillet 2014 4 03 /07 /juillet /2014 22:01

 

Faire un projet de naissance, ça a tout son sens quand on accouche par voie basse.

On demande à ne pas être perfusée.

On demande à avoir ou pas la péri.

On demande à pouvoir accoucher sur le côté, accroupie…

On demande, on demande, parce que, de plus en plus, on peut avoir le choix.

On a le choix parce qu’on peut être maitre de la naissance.

 

Oui, mais, quand on accouche par césa, on n’est maître de rien.

On ne peut pas décider d’accoucher sans péri ou rachi.

On ne peut pas décider d’être assise, debout ou accroupie.

 

On ne décide pas, parce qu’on n’accouche pas. On nous accouche.

 

 

Cependant, j’ai quelques désirs que je voudrais voir reconnus comme des droits à avoir une césa respectueuse. La plus respectueuse possible.

 

 

Parce qu’une césarienne, c’est un acte médical.

Je ne vais pas mettre ce bébé au monde.

Je vais avoir une nouvelle fois l’impression que cette naissance est ratée.

Que je ne fais pas mon boulot de maman.

 

J’ai beau avoir conscience que ça n’est pas par facilité, que je n’ai pas le choix, que c’est mieux comme ça.

Avec la césa, tout est aseptisé. Il faut rester calme, ne pas déranger.

Eviter de parler.

Ne pas bouger, ne pas déranger. Être docile.

 

La première chose que je demande est certes simple, mais essentielle, je souhaite qu’on s’adresse à moi en utilisant la deuxième personne. Je veux aussi qu’on me parle comme à une adulte que je suis.

Je n’aime pas du tout quand on me parle à la troisième du singulier.

Non, Elle n’aime pas ça, la petite dame. Non, Maman, n’aime pas qu’on lui parle comme si elle était une débile profonde.

Sachez aussi que j’aimerai qu’on évite de parler de moi comme d’un bout de viande graisseuse. Je vais être dans la même pièce que vous. La rachi anesthésie le bas de mon corps. Or mes oreilles et mon cerveau se trouvent plutôt sur la partie supérieure.

Être nue, allongée sur une table avec une dizaine de personnes autour de moi est suffisamment désagréable comme ça.

S’il est aussi possible de me dire simplement « bonjour » et que les personnes présentes me disent simplement qui elles sont (je ne veux pas de CV détaillé, ni de revue de bataillon, mais simplement, « bonjour, je l’infirmier anesthésiste » me suffira).

 

J’apprécierai aussi énormément, qu’on ne me hurle pas dessus la rachi ne se pose pas comme dans une motte de beurre (bien qu’ayant une masse graisseuse intéressante, j’ai aussi quelques muscles, quelques peu tendus par l’intervention). Je ne suis pas facile à piquer. Pas par mauvaise volonté… Alors, si on peut éviter de me crier dessus, j’avoue que ça aiderait à la détente.

 

Si on peut m’éviter l’humiliation de m’attacher les bras, comme pour une injection létale, ça me serait aussi agréable. (Parce que oui, c’est la première image qui vient à l’esprit et associer la naissance de mon bébé à celle d’une condamnée à mort n’est pas très séduisante).

 

Si cela est possible, je souhaite que le papa puisse rentrer au moment où cela sera possible médicalement

 

 

Et enfin, et s’il n’y a qu’une chose qu’on l’on doit m’accorder, c’est celle-là : si cela est médicalement possible, je refuse d’aller en salle de réveil. Cet espèce de salle où on attend avec les amputés, les futurs réparés du cœur, les sans amygdales et sans appendice.

 

Je me sentirai comme amputée du bébé, pas encore réparée du cœur, sans nourrisson.

 

Comme je vais être à nouveau volée de la mise au monde de mon enfant, je ne veux pas qu’on me vole ce premier contact avec ce bébé. Je souhaite très profondément pouvoir avoir mon bébé sur moi. Le papa à mes côtés. Je désire que cette rencontre ait lieu.

Je suis consciente des aléas médicaux et je saurais les entendre.

En revanche, je ne pourrais pas entendre : « ah non madame, il n’y a pas de salle de naissance libre ».

Dit-on à une femme accouchant par voie basse que « non, Madame, il n’y a pas de salle de naissance libre, on va vous prendre votre bébé et vous allez patienter en salle de réveil, au sous-sol » ?

 

C’est peut-être un peu violent formulé comme ça, mais c’est très violent pour moi d’être séparée de mon bébé, simplement parce que je n’ai pas la chance d’accoucher par voie basse.

 

Je suis certainement un peu rude et exigeante mais je revendique ce peau à peau de 2 heures comme un droit à d’être une mère comme les autres.

 

C’est sûr, j’aurai toute la vie pour tenir mon nouveau-né contre moi, mais il n’aura qu’une fois l’occasion de sentir sa mère juste après sa naissance.

Je n’aurai qu’une occasion de sentir que cette naissance en est une, au sens propre du terme et que ça ne devrait pas être un luxe que d’avoir ces deux heures de rencontre.

Deux heures pour sentir, pour compter les doigts de pieds, pour souhaiter la bienvenue.

 

Je sais que c’est votre boulot, que vous ne pouvez pas satisfaire les désirs de tout le monde, des bébés, vous en voyez naitre tous les jours, mais il s’agit la naissance de mon bébé. Il ne naitra qu’une fois.

 

Le jour choisi, je peux attendre qu’une salle se libère. Le temps, c’est bien la seule que j’aurai ce jour là. Une heure plus tôt ou une heure plus tard. Huit heures à attendre sur une chaise dans un couloir, je peux le vivre très bien. Etre séparée de mon tout-petit pour un problème de contingence matérielle, je le vivrai très mal.

 

Je formule donc ces demandes comme des droits.

Le droit, pour moi, d’avoir un accouchement le plus respectueux possible.

Le droit, pour mon bébé,  d’avoir une naissance la plus normale possible.

 

Je formule ces demandes, parce que je sais qu’il est possible de les mettre en œuvre.

Je formule ces demandes, parce que c’est mon 5ème accouchement et que, effectivement, j’ai déjà été séparée de mon bébé, que effectivement, on m’a parlé comme à une débile profonde, on m’a déjà hurlé dessus parce que la péri ne rentrait pas du premier coup…

 

 

RESUME :

Si vous avez la flemme de lire tout ce bla-bla sentimental, je vous la fais en 6 lignes, efficaces :

-       Ne me parlez pas comme à une débile profonde.

-       Ne m’attachez pas les bras

-       Ne me hurlez pas dessus s’il y a une difficulté, je fais mon possible pour être souple et coopérative.

-       Laisser le papa rentrer en salle de césa.

-       Ne me faites pas transiter par la salle de réveil s’il n’y a pas de nécessité médicale.

-       Permettez-moi d’avoir les 2 premières heures en peau à peau avec mon nouveau-né, s’il n’y a aucune contre-indication médicale.

 

 

Voici donc le projet de naissance que je vais mettre dans mon dossier.

Je le présente jeudi prochain au médecin… Je vous raconterai !

 

Sinon, je suis sur FB !

 

(petite parenthèse : je réalise, pour Ce Bébé, une couverture aux 100 voeux. J'ai besoin de vous : il me faut 100 morceaux de tissu de 10cmx10cm (plutôt du coton, plutôt dans les couleurs gris, vert, bleu, jaune) et 100 voeux : en gros, on écrit le voeux sur un bout de papier, sur une carte et on l'envoie avec le bout de tissu. Si on met plusieurs bouts de tissu, il faut plusieurs voeux.
Si vous voulez participer : soit un petit Mp via FB, soit un petit mail : marion.cailleret@orange.fr
Mille mercis !)

 

P1010075.JPG

(non, ça n'est pas "Secret", c'est la petite dernière, il y a 3 ans. En peau à peau en salle de césa)

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commentaires

C
Salut, <br /> J’ai pris du plaisir à lire ton article. J’espère que tu tomberas sur une équipe à l’écoute et surtout, bien élevée. Je suis passée par cette épreuve et personnellement, je trouve que l’équipe médicale s’est bien occupée de moi, même si mon mari stressé beaucoup plus que moi.
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A
Y a du courrier dans la boite aux lettres... ;)
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E
Simplement pour dire que j'ai eu une cesa imprévue pour ma 1ere (et vécue comme un manque même si digérée). Le sujet avait été abordé au cas où avec notre haptothérapeute. Elle m'avait dit le cas<br /> échéant de demander au gynéco de me prévenir au moment de sortir le bébé et de l'accompagner par la pensée, ce que j'ai fait.<br /> Ma fille était toute belle et pimpante à la naissance. Ultra zen alors que j'avais peur que ça ait été brutal pour elle.Si la maman ne vit pas forcément très bien la césarienne, pour le bébé cette<br /> naissance est moins fatiguante. C'est déjà ça de pris ;)
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V
J'espère que tu seras entendue. Que tu tomberas sur une équipe assez compétante pour répondre à ces souhaits plus que légitimes et raisonnables je trouve. Tu as trouvé une superbe manière de<br /> demander en tout cas !
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A
;-) Kimie, je ne suis de nouveau pas d'accord ;-). Moi je ne me souviens plus de mon peau à peau. Il était pas bouleversifiant. Mais la première fois que j'ai vu mon fils (après avoir eu peur de le<br /> perdre et sans savoir dans quel état il était) a été... très spéciale.<br /> Encore une fois le but n'est pas de dire qui a tord ou raison mais VRAIMENT je me demande encore et toujours ce qui fait une naissance, à quel moment on devient mère et que veut dire "faire naître<br /> son enfant". Pour moi ce ne fût pas du tout le peau à peau, même si je suis une tactile et si dans les semaines qui ont suivies j'ai léché mon petit comme une maman chat. Pour mon mari, la<br /> révélation ne fut pas du tout quand il a pris notre fils dans le bras. Le premier coup d’œil entre eux l'a fait père. Il s'est senti, reconnu comme si mon fils lui disait "tu es mon papa". Je crois<br /> que les choses ne sont finalement pas très différentes pour nous les mères et que nous devenons mère accueillons notre petit de bien des manières.
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