(ouf ! Il était bien long ce titre !!)
Alors, voilà, comme beaucoup, on aurait adoré avoir de beaux meubles de famille, en bois massif, patinés par les années et qui ont une histoire à raconter... mais il faut l'avouer, déjà nos parents (et même nos grands-parents) ont des meubles qui viennent du sus-nommé designer suédois, et une chose est certaine, les commodes, tables à langer et autres lits superposés, n'ont aucun, mais alors vraiment aucun espoir d'être légué à nos enfants... ou alors, uniquement dans leur état originel : en kit (mais, en kit définitif)...
Toujours est-il que, quoiqu'il soit évident que nous soyons le cœur de cible du désigner suédois, nous sommes aussi fortiche, nous avons tout compris à leurs basses manœuvres pour nous faire acheter plein de trucs dont on a pas besoin...
Ruse n°1 pour déjouer les pièges du designer suédois : la liste !!!
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un lit superposé pour la cadette et le benjamin
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un matelas pour chacun (parce que, ouais, on est sympa !)
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une passoire en plastique (parce que la jolie en fer a fini par rouiller)
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et c'est tout ! Point Barre.
Et nous voilà parti, un soir après l'école (ben ouais, ça fait partie de la ruse... tout le monde va chez le designer suédois le samedi... donc, comme nous, on est super malin, on y va en semaine !)
Du coup, on ira vite et on va rentrer tôt (si, si, on y croit !!)
Hop ! Tout le monde dans le camion jaune.
(j'en vois d'aucun qui se demandent : est-ce une bonne idée d'emmener ses enfants dans un magasin de design suédois quand on en 4 ?? Ben disons, qu'on n'a pas toujours le choix et le benjamin et la cadette, eux voulaient l'avoir... le choix !)
Arrivée chez le designer suédois.
Ruse n°2 : ne pas prendre de caddie, ni même de sac jaune si pratique à remplir de trucs dont on a pas besoin (hé, hé... on maîtrise toutes les ficelles !!!!!)
Arrivée en haut de l'escalator :
Oh ! Mon Dieu, le designer suédois connaît notre addiction pour les pois !!! Ne pas regarder les vases à pois rouges, non, ne pas les regarder, filer droit devant nous (ouais !!! on est une wineuse !!!)
Entendre cependant une petite voix dire : Oh ! Regarde ! Des vases à pois, exactement comme tu aimes (tâcher de faire taire cette petite voix)... mais la petite voix insiste et nous met le vase dans les mains (bon, faut dire que la petite voix en question a 9 ans et que c'est notre fille aînée qui connaît notre addiction pour les pois...)
Et la voix de reprendre : 6 euros, c'est pas cher !!!
(oh ! Pétard, ré-sis-ter !!!!)
Sourire... c'est gentil ma chérie, c'est vrai qu'il est beau, pas cher... mais a-t-on réellement besoin d'un vase (yes !)
Donner pour mission à notre troupe de rester groupée !
Le magasin de design suédois est un vrai labyrinthe (même que c'est fait exprès pour qu'on soit désorienté, qu'on perdre nos repères, qu'on faiblisse en passant 8 fois devant le vase à pois rouge... Il paraît que y'a des gens qui n'ont jamais trouvé la sortie et qui vivent ici...)
Donc, un seul mot d'ordre : groupir !!!
Allez, hop, hop, hop, tous en ligne, on avance et on ne zieute pas autour de soi...
Pour aller au rayon lit, il faut passer par le rayon enfant.
Et voilà, notre ligne groupir toute pourrie. Les enfants s'éparpillent comme une nuée étourneaux...
Le benjamin s'installe dans le fauteuil qui se ferme et qui tourne, la cadette, le fait tourner et on entend le benjamin hurler de rire !
GROUPIR !!!!
Reformation de la ligne (oh... une maison en forme en chapiteau trop beau... non, non, non, ne pas aller voir le prix ! Groupir !!)
Arriver au rayon lits superposés.
Regarder/comparer/se décider d'un commun accord avec les futurs occupants du lit pour un modèle en bois clair, pas trop cher et pas trop mal non plus.
Retourner l'étiquette : crotte de bique, sur fond rouge, c'est écrit noir sur blanc : contacter un vendeur.
Trouver tout de suite un jeune homme avec une belle chemise jaune (comme les sacs si pratiques !) : Oh yeah ! On est super vernie !!!
ah ! Non, Madame, moi, je m'occupe du rayon cuisine, je ne faisais que passer..
Rôh, zut de crotte !
Faire deux équipes : une qui cherche le vendeur préposé au lit superposés, l'autre qui reste à la borne « je peux vous renseigner »
…
…
….
…. … … … … (pétard !!!!!! il est où leur vendeur !!!!!)...
N'y aurait-il pas une planque dans le magasin où les vendeurs se cachent, ou alors, c'est un jeu... cache-cache-vendeur... ou alors... ou alors !!! Arrrrrgh ! Non, pervers de magasin de design suédois, tu caches tes vendeurs pour qu'on passe et repasse devant les vases à pois rouge !!!
Le voir enfin arriver...
suivi d'une respectueuse vieille dame..
Comprendre qu'on va encore devoir poireauter, parce que la vieille dame a aussi des renseignements à demander (et vu que c'est elle qui a trouvé le vendeur, elle a priorité)
Et elle met des plombes la p'tite vieille et que je te demande si tu l'as en rouge et que je te demande si tu l'as en vert...
Non mais, elle a pas bientôt fini la vieille !!!! On s'en tape de la couleur, nous on veut du bois !!!!
Constater que la marmaille n'est plus du tout groupir... Résister à l'envie de chercher la marmaille (doivent être au rayon enfant... ou avec leur papa... ne pas lâcher la place, ne pas lâcher la place !!!!)
Enfin, la vieille bique s'en va !
Expliquer au vendeur qu'on veut ce modèle-là, en bois !
Lequel ??? (salopard de vendeur... il sait que c'est imprononçable le suédois !!)
Montrer le lit de notre index !
Ahh ! Le Smoarlsyurng !!
Euh.. oui, c'est ça !!
On ne le fait plus.
Quoi ???????? Pas possible !!!
Sentir un gouffre s'ouvrir sous nos pieds... que faire... ne pas lâcher le vendeur...
Et vous l'avez en rouge ???
Non
Et vous l'avez en vert ???
Non
(sentir la queue s'allonger derrière nous...)
Bon, pas grave, vous avez quoi en lit superposé.
Ben, on n'a plus que Jurgblostguf...
Très bien !!! parfait !! Il est en bois ???
Non, en fer laqué...
Ha ! Et vous l'avez en rouge ??
Non
Et vous l'avez en vert ??
Non, ça n'existe qu'en blanc.
Ben, c'est parfait ! On adore le blanc !!
Repartir avec LA feuille à donner en caisse...
(donc, tout est à retirer après la caisse, sauf les sommiers : allée 19, place 13)
Croiser le papa (qui a des draps, des housses de couette dans les bras... ben ouais, un matelas, c'est bien... mais une couette et des draps, c'est pas mal non plus... Bon OK !)
Oh ! M**** les matelas !!! Regarder la queue devant le vendeur...
S'approcher, entendre : et vous l'avez en rouge ??? (hésiter à pleurer)
Voir le papa revenir l'air hilare : c'est en libre service, allée 12 place 28.
Récupérer la marmaille... trouver l'aînée et la cadette... mais pas le benjamin... (et pourtant, on a ouvert le fauteuil qui tourne avec la petite capote qui se referme... on a d'ailleurs fiché une trouille incroyable à une petite fille qui s'était cachée là... désolée, petite...)
L'appeler... l'appeler... sentir que notre sang quitte notre corps.
Se raisonner, ne pas paniquer... courir à l'accueil :
Expliquer...
Entendre la dame dire « la maman du petit... »
Trouver le temps long, long...
Voir le papa arriver avec le benjamin, un sourire jusqu'aux oreilles : il était caché dans le lit superposé.
Se sentir mieux ! Revivre ! Remonter l'escalator, attraper le vase à pois rouge au passage (pfff... on a eu peur... faut bien se réconforter...)
Quitter l'étage à labyrinthe... descendre au sous-sol à labyrinthe.
Ne toujours pas prendre les sacs jaunes, ni les caddies qui crient famine (en espérant, qu'on remplisse leurs ventres affamés).
Chercher une passoire en plastique, trouver des verres rigolos (tiens, on en a cassé plein ces derniers temps, et c'est pas cher).
Chercher une passoire en plastique, trouver des pinces en plastique pour fermer les paquets de céréales (c'est super pratique ça, et c'est pas cher !!!)
Chercher une passoire en plastique et trouver des torchons (rôh, les nôtres sont tout moches... et ils ne sont pas chers)
Chercher une passoire en plastique et trouver : des couettes pour les lits/des draps pour notre lit à nous/un filet malin pour ranger plein de trucs/un abat-jour en papier de riz/une tente en forme de cirque (ben, tiens, ils l'ont mise aussi au sous-sol... ils ont bien compris qu'on craquerait !!)...
Chercher une passoire en plastique et trouver un caddie !!!!!!!!!!!! (et même un sac jaune super grand)
Chercher une passoire en plastique et se souvenir qu'on avait dit qu'on aurait acheté une petite commode pour mettre les fringues de la petite dernière... hop, hop, remonter, trouver les références vite fait (si, si, c'est possible) : Allée 21 place 12 pour les tablettes intérieur, allée 34, place 2 pour les portes et allée 5, place 6 pour le caisson (sans rire, pouvaient pas tout mettre au même endroit ???)
Continuer à cherche la passoire en plastique et trouver plein d'autres trucs... pas chers.
Se diriger vers les allées 21, 34, 5... voir les piles de cartons super lourds s'accumuler sur le caddie.
Se retrouver face aux caisses : mais quoi !!!!!! Tout le monde aurait-il eu la même super idée que nous en venant en semaine ??? Les queues sont tellement longues qu'on a l'impression qu'elles se croisent, tournent sur elles-mêmes...
Poireauter un temps infini en berçant la petite dernière/interdisant au benjamin de monter sur le tas de cartons/obligeant l'aînée et la cadette à rester dans un périmètre raisonnable.
Arriver à la caisse, tout déballer (et acheter notre 12ème sac bleu... ça nous fera une belle collection), avoir l'impression de n'avoir pas bien compris le montant annoncé par la caissière :
Tout, ça vous êtes sûre ???
Ben, ouais, tout ça...
Poireauter encore et toujours pour récupérer le reste des cartons.
Comprendre que, bien que notre camion jaune soit assez grand... ça va être chaud pour tout caser.
Caser comme on peut tous les cartons (en faisant super gaffe à notre super vase à pois rouge)
Expliquer à la cadette (qui est obligée d'être tout en biais, coincée par ce qu'on pense être les montants du lit) qu'on n'habite pas loin et qu'elle sera super contente d'avoir son super lit...
Rentrer.
Expédier le repas et expédier aussi les marmots au lit, vite fait, bien fait.
Se servir un verre de vin pour se donner du baume au cœur pour l'ouverture des cartons.
Oh ! Pétard ! On va devoir visser toutes les lattes de 2 sommiers et il y en a une tripotée, de lattes (avaler le verre de vin d'un trait).
Deux ateliers : un montage de lit, l'autre montage de commode et le salon disparaît sous les cartons et autres feuilles de montage.
Regarder rapidement le guide montage. Tâcher d'être méthodique : repérer les pièces.
Comprendre à peu près de quoi il s'agit. Comparer les pièces et de dessin et se dire que quand, le mec qui fait les dessins, ben il est pas super balèze, parce que ça ne ressemble pas bien...
Ne pas comprendre la différence entre les vis E1 et E2 et pourtant, il doit y avoir une différence. Réfléchir... si ça se trouve c'est dans le sens de vissage ???
Laisser tomber la question des vis, on avisera !
S'attaquer aux lattes.
Galèrer parce que les trous ne sont pas en face...
Gérer les effets du vin avalé trop vite.
Renoncer aux lattes, trop casse-pieds
Ouvrir le carton du cadre du lit. Le refermer aussi sec.
Prendre un 2ème verre de vin.
Attendre qu'il fasse son effet.
Constater que maintenant, on comprend super bien le suédois.
Voir l'air dubitatif du papa...
Saisir qu'on a rien saisi : les lattes sont toutes à l'envers (ben oui, fallait mettre le côté rainuré vers le haut... enfin ! C'est évident).
Renoncer à faire tenir le morceau A avec le morceau B tout en vissant le morceau C.
Maudire le designer suédois et ces modes d'emploi qu'on y comprend rien et qu'il nous faudrait réellement 2 bras de plus pour tout faire tenir ensemble... un cerveau doté du sens pratique ne serait pas un luxe non plus (ou alors, juste un cerveau qui aurait la même logique que les suédois... parce que, en fait, le vin, raisonnablement, ce n'était pas une si bonne idée que ça !)
Renoncer tout court... se dire que demain sera un autre jour (et que de toutes manières, c'était très sot d'essayer d'assembler le lit superposé dans le salon, parce qu'il semble évident qu'il ne passera pas les portes...)
Monter uniquement la super tente-chapiteau des enfants et y parvenir (ouais !! c'est bon pour l'ego... qui se contente de peu !)
Laisser le salon dans un état proche Hiroshima après la bombe A...
Se coucher et rêver de vases à pois.